Les résultats des projets sous la loupe
Avec le tsunami en Asie du Sud-Est, le tremblement de terre en Haïti est la troisième collecte majeure pour laquelle nous avons mandaté une étude d’impact indépendante sur les résultats de l’aide, dix ans après la catastrophe. Plus de 66,2 millions de francs nous ont été confiés par solidarité avec les victimes haïtiennes en 2010. Expliquer la manière dont les fonds sont alloués, mais aussi comprendre ce qu’ils ont permis de réaliser sur le long terme et tirer les leçons pour le futur fait partie de notre rôle de bailleur de fonds responsable. L’enquête, réalisée en 2019, a permis de recueillir 525 questionnaires auprès de familles haïtiennes et s’est également basée sur la collecte de données sur le terrain. Alors, verdict ?
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92% ont attribué le plus important changement dans leur vie aux projets financés par la Chaîne du Bonheur
Plusieurs facteurs expliquent ce haut taux de satisfaction. L’aide a pu être efficace grâce à la présence des ONG avant la catastrophe pour des projets de développement, au fait d’assurer la continuité en restant pendant les années qui ont suivi et à l’implication des populations ainsi que des autorités locales dans les projets les concernant. Alors que la majorité de l’aide internationale se concentrait sur Port-au-Prince, nos ONG partenaires étaient actives dans les régions rurales, proches de l’épicentre, où l’aide était peu présente pour répondre aux besoins des victimes du séisme. 90% d’entre elles estiment aussi que l’assistance a permis de couvrir leurs besoins de base et de retrouver leurs moyens d’existence.
95% des personnes qui ont bénéficié d’un logement y vivent toujours
Après la catastrophe, la totalité des abris ont été construits selon les normes antisismiques. 84% des personnes interrogées s’y sentent protégées des aléas climatiques. La majorité des familles, soit 87%, utilisent aussi encore leurs nouvelles latrines. Dix ans après le séisme, les victimes se sentent mieux préparées aux futurs chocs grâce à des infrastructures mieux adaptées, l’accès à l’information via un téléphone portable ou la radio. Les personnes qui ont reçu l’aide trouvent aussi important de pouvoir compter sur des sources de revenus stables et des groupes d’épargne. La durabilité s’inscrit également dans la réhabilitation des structures communautaires, 79% d’entre elles sont encore utilisées quotidiennement par la population.
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49% des personnes n’ont pas eu connaissance des critères de sélection pour le choix des bénéficiaires
Mieux communiquer avec les populations sur l’aide qu’elles reçoivent est l’une des principales leçons à retenir pour améliorer l’aide lors de futures catastrophes. Des frustrations ont ainsi été ressenties à cause d’attentes déçues. Seule une ONG partenaire de la Chaîne du Bonheur avait mis en place un mécanisme de gestion des plaintes accessible. Autre observation : les projets n’ont pas utilisé de transferts monétaires, qui auraient permis davantage de flexibilité pour les personnes qui reçoivent l’aide et aurait également favorisé les marchés locaux.
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Une décennie d’instabilités
La transition d’une aide d’urgence vers une amélioration durable des conditions de vie des victimes du séisme a représenté un défi pour nos ONG partenaires. L’enquête révèle que les principaux freins pour atteindre les objectifs demandés par nos experts à nos ONG partenaires n’étaient pas directement liés aux projets mais au contexte. Haïti a dû se relever du séisme, tout en subissant les chocs d’autres catastrophes naturelles, mais aussi de crises politiques, sociales et économiques qui se poursuivent encore à l’heure actuelle. L’étude d’impact relève ainsi des retards dans des projets suite à l’ouragan Matthew et démontre que peu de personnes qui ont participé à une formation ont trouvé un emploi stable. Le ralentissement de l’activité économique a aussi réduit l’impact de l’aide, la forte hausse du prix des aliments ayant augmenté le seuil de pauvreté et endetté la moitié des familles du pays.